N°8- La mort est un scandale !
feuille paroissiale n°8 La mort est un phénomène naturel qui permet le renouvellement,
Qui enrichit la création. Nous vivons, en ce moment, l’automne aux couleurs chatoyantes
Et nous savons que les bourgeons vont bientôt apparaître.
Ainsi, la mort peut avoir un sens :
Je me retire pour que d’autres puissent avoir eux-aussi, pour un temps, leur place au soleil !
Si nous ne sommes pas égaux devant la vie, nous le sommes devant la mort.
Ce qui rend scandaleux la mort : c’est l’amour.
Oui, ce qui rend la mort scandaleuse, c’est l’Amour !
La mort d’une maman alors que les enfants sont encore petits,
La mort de bébés, comme nous venons de le vivre le mois dernier,
La mort d’un jeune de 20 ans champion de France de canoë kayak,
La mort d’un enfant,
La mort de son conjoint bien-aimé,
La mort d’un innocent sur les terrains de guerre,
Toute mort finalement est scandaleuse, jusqu’à celle d’une mamie âgée à qui nous étions si attachés.
La mort est scandaleuse parce qu’on s’aime !
L’absence, la rupture, la cassure sont insupportables.
Le deuil, le veuvage sont une terrible épreuve.
Tout rappelle l’absence : une image, une parole, une date, une rencontre, souvent un détail, un rien réveillent en soi la blessure.
Le deuil, dit-on, est : « un chemin », « il faut faire son travail de deuil ».
« Travail de deuil » expression certes parlante mais aussi absurde quand on y pense.
La parole est importante, cellule d’écoute, rencontre avec un professionnel de santé, un psychologue, échanges en famille, entre amis. La parole est libératrice, ensemble nous faisons mémoire, nous donnons sens à la vie de l’être cher.
Et lorsque bien-même, de nouveaux liens se créent, des projets, de nouvelles naissances, le travail, de nouvelles rencontres ouvrent un avenir…
Rien n’est effacé, une nouvelle histoire ne chasse pas l’ancienne.
Les nouveaux engagements ne sont pas une infidélité aux alliances que la mort a rompues.
Devant la mort, que de souffrances, que de culpabilité !
« Si j’avais su », « on ne s’est pas dit » et si, et si…..
Si l’amour rend la mort scandaleuse, seul l’amour lui donne un sens.
Julos Beaucarne, chanteur, poète belge, écrivait au lendemain de l’assassinat de son épouse :
« En attendant à vous mes amis de l’ici-bas, face à ce qui m’arrive, je prends la liberté, moi qui ne suis qu’un histrion, qu’un batteur de planches, qu’un comédien qui fait du rêve avec du vent, je prends la liberté de vous écrire pour vous dire ce à quoi je pense aujourd’hui :
Je pense de toutes mes forces qu’il faut s’aimer à tort et à travers. »
Dieu a tant aimé le monde, ce monde,
Qu’il nous a donné son Fils unique, non pour juger le monde mais pour le sauver.
Dieu a tant aimé ce monde afin que quiconque croit en Lui,
ne périsse pas mais qu’il ait la vie éternelle.
La mort de Jésus est scandaleuse !
Scandaleuse comme toute mort, ni plus ni moins.
Scandaleuse, la mort des moines de Tibérine
Scandaleuse, celle de nos frères chrétiens coptes par les bourreaux de DAESH en plein désert de Lybie….
La liste hélas pourrait être interminable….
Christ est venu partager notre humanité en toute chose jusque dans la mort,
La mort innocente, cruelle sur une croix de torture.
Mais le Christ a transcendé la mort en en faisant un acte d’amour.
Le cri de révolte devient un don, une offrande…
« Ma vie, nul ne la prend mais c’est moi qui la donne ! »
Cet acte d’amour, devient un acte de salut, un appel, un hymne à l’amour.
« Mon commandement, mon seul commandement est de vous aimer les uns les autres ».
Seul l’amour peut vaincre l’absurdité de la mort.
La lettre de Julos Beaucarne rejoint l’appel de Jésus :
« Je pense de toutes mes forces qu’il faut s’aimer à tort et à travers. »
Frères et sœurs :
Seul l’amour, seul notre confiance en Christ peuvent donner sens à la vie, ouvrir à l’espérance.
Que l’épreuve de la mort nous aide, vous aide :
- A poser les valises : « après quoi suis-je en train de courir ? »
- Qu’est-ce qui domine dans ma vie ? le boulot, la recherche du toujours plus ? (Argent, pouvoir, consommation…)
Tout cela n’a aucun avenir.
Mon avenir est en Christ et dans l’amour du prochain.
« Si nous sommes passés par la mort avec le Christ, nous croyons que nous vivrons avec lui. Ressuscité d’entre les morts le Christ ne meurt plus, sur lui la mort n’a plus aucun pouvoir », nous dit St Jean
La mort est vaincue, seul l’amour donne la vie !