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N°213-L’ENFER

feuille paroissiale N 213

 

 

L’enfer !

«L’enfer, vous y croyez ? » Voilà bien une question qui à chaque fois qu’elle m’est posée m’enfonce dans une perplexité bien embarrassante.

L’enfer, sur cette terre est une évidence ! la barbarie éclate à nos yeux chaque jour, hier c’était l’extermination massive dans les camps nazis, bolchéviques… aujourd’hui ce sont les chrétiens du Burkina Faso, Les Ouighours musulmans en Chine, les attentats de Kaboul, l’enfance maltraitée, prostituée à travers le monde… Hélas cette page ne suffirait pas à décrire l’odieux vécu par tant de femmes, d’enfants et d’hommes sur cette planète.

L’enfer disait Jean-Paul Sartre : « c’est les autres ». Tous ceux et toutes celles qui sont comme des cailloux dans ma chaussure, des grains de sable qui m’empêchent de réaliser mes projets parfois bien égoïstes viennent corroborer la célèbre phrase de Huis-Clos.

Si l’enfer est bien là, le Malin lui aussi s’impose à moi comme une évidence. Il est ce diviseur qui sème l’embrouille dans les meilleures équipes, cette petite voix intérieure qui vient contredire mes projets hautement généreux. Il habite l’ambitieux, l’ogre qui veut tout posséder, tout dominer.

Le credo me dit que Jésus est descendu aux enfers ? Cette affirmation m’a très longtemps taraudée. Qu’est-il allé y faire, l’enfer n’est vraiment pas un lieu où l’on pourrait penser y faire la rencontre de Dieu lui-même. Les patoisants m’ont offert une issue à mon questionnement, en traduisant l’expression : « Seigneur prends pitié de nous »  par « arsaque-nous d’nos misères ». Comme si le Christ était descendu aux enfers pour y retirer l’homme le plus déshumanisé qui soit et l’offrir à la miséricorde de son Père.

Xavier-Léon DUFOUR, théologien, disait : « La possibilité de l’enfer ma foi l’affirme, mon espérance la rejette pour moi, ma charité l’écarte pour qui que ce soit. »

Il reste que l’enfer est conditionnel à la liberté de l’homme, à celle de Dieu. Et Si cette liberté était un chemin vers la Miséricorde infinie ?

Je vous souhaite de passer allégrement le gué qui sépare 2019 à 2020, sans trop vous poser de questions métaphysiques. Quoique !

Fraternellement

Abbé Bruno