N°215-PURGATOIRE

feuille paroissiale N 215

 

 

Purgatoire .

« Purger » est bien un verbe qui fait partie de notre quotidien. Nous le faisons souvent sans enthousiasme, à la suite d’un désagrément. Nous pouvons purger une vanne, un siphon, un radiateur, une chaudière, un embrayage. Il s’agit de vidanger, d’épurer, d’effacer une peine….

Et voilà que notre esprit cartésien, un esprit qui a besoin d’échelle de valeur, de classification, de points de repère, de table des matières, de barèmes… désire, à la manière d’un code pénal, tarifer l’épreuve que Dieu nous infligera. Selon le degré de fautes que nous aurons commis, le sas d’entrée au Royaume promis nous conduira à la cour pénale, à la gare de triage afin d’éliminer le mâchefer, les résidus solides qui s’échapperont de la grande épreuve combustive Notre existence sera alors épurée de tout ce qui l’entravait pour la rencontre ultime avec le Seigneur.

Le Chapitre 15 de Luc nous met sur la route : une décision libre, celle du Fils, « je vais retourner chez mon Père », une rencontre inattendue, comment pouvait-il imaginer que son Père était lui aussi sur le chemin, en attente ? Et voilà qu’au moment des retrouvailles, sans avoir le temps de s’agenouiller, de se repentir il est saisi dans les bras de son Père. « Vite mettons lui la robe de noce, tuons le veau gras, mon Fils que voilà, lui qui était mort est revenu à la vie ! »

Le film : la liste de Schindler, nous montre le cheminement d’un nazi terrifiant qui se laisse émouvoir par le sort tragique de celles et ceux qu’il exploitait. Au risque de sa vie, il va racheter un à un les juifs, pour les extirper du camp de concentration. Au terme de la guerre cet homme infâme au début du film, se met à pleurer en regardant la bague qu’il porte au doigt, une bague qui lui aurait permis d’en sauver un de plus. Oskar Schindler inhumé à Jérusalem sera reconnu Juste parmi les justes.

J’imagine le Purgatoire comme ce moment inouï où, saisi par l’amour du Père, recevant le plus beau des câlins, mes larmes jailliront, des larmes de joie, d’émerveillement, des larmes qui me laveront de toutes mes insuffisances, des reniements de ma vie pécheresse.

Je ne peux imaginer que le Jugement ressemble à celui d’une cour d’assise, d’une purge. Dieu nous surprendra, son amour inouï, sa miséricorde, dépassent l’entendement.

Heureuse semaine à chacun d’entre vous.

Abbé Bruno