N°226-confinement !

feuille paroissiale N 225

 

Curieux moment que celui que nous traversons. Une fois de plus nous sommes dans l’Inattendu et bien souvent Dieu se cache ou bien plus se rend présent à l’inattendu. A nous d’ouvrir nos yeux pour lire « les signes des temps ».

C’est dans les moments de crise que le cœur de l’homme se révèle. Mes parents m’ont souvent parlé des comportements des uns et des autres au cours de la seconde guerre mondiale. Il y avait ceux qui, coûte que coûte, essayaient de tirer partie de la situation, le marché noir florissait au cœur de la campagne. Il y a ceux qui pactisaient avec l’occupant, dénonçaient tel ou tel de leur entourage juif ou non…. Ceux qui résistaient au prix de leur vie. Il y avait les pétainistes et ceux de la France libre… Je suis particulièrement fier que mon grand père Charles tout au long de cette guerre cachait des familles juives dans le four de la sécherie à chicorée. Il y a près de 15 ans quelques descendants ont fait le voyage Boston-Ardres pour venir faire mémoire et retrouver ma maman.

Aujourd’hui, nous sommes scandalisés, qu’une fois encore, certains tirent profit, dérobent des masques, des habits de protection au nez et à la barbe des soignants qui se dépensent sans compter à la tâche… nous pourrions ainsi écrire toute une litanie des petits « chacun pour soi », de quoi parfois désespérer de l’homme. C’est le grand jugement de l’évangile de Matthieu ch 25.

Mais, que voyons-nous surtout ? de magnifiques gestes de solidarités : des sœurs et des frères en humanité se dépensent sans compter pour prendre soin, lutter, encourager… Nous voyons de la créativité sur les écrans et sur les balcons, des gestes anodins, la soupe partagée, l’appel téléphonique…

Comme au sortir du déluge avec Noé nous vivons un temps de purification, de conversion. Nous allons à l’essentiel, prêts à abandonner le superflu. L’indispensable d’hier nous semble dérisoire aujourd’hui.

Beaucoup disent que demain ne sera plus comme avant : notre manière de produire, de consommer, de respecter la « Maison commune », de prier et de célébrer…. Le vivre ensemble, le désir intense de se retrouver, de se serrer la main, de s’embrasser, de trinquer, de partager un bon repas, de communier à la même foi, de faire Eglise… Tout est passé au feu comme on affine le métal. Tout cela prendra un autre sens si nous habitons d’amour notre vie, nos actions. Car sans lui, comme dit St Paul, je ne suis rien.

Entrant dans ce carême par une belle célébration, recevant les cendres nous nous rappelions que nous sommes bien peu de choses, que tout nous vient de Dieu. Puissions-nous à jamais nous tourner vers Lui : « CHANGEZ VOS CŒURS ! CROYEZ A LA BONNE NOUVELLE ! » Que cet appel, entendu le 26 février 2020, se réalise enfin dans nos vies !

En route vers Pâques

Abbé Bruno