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N°228- Il y a 40 ans.

 

 

Le jeudi de la semaine Sainte est un jour assez particulier pour les ordonnés que nous sommes : diacres, prêtres, évêques mais aussi pour vous tous sœurs et frères baptisés dans le sacerdoce du Christ.

Je me souviens de ces jours de mon enfance où j’étais particulièrement heureux d’accompagner mes parents aux noces de mes oncles et tantes, (ils étaient 7) de leurs cousins-cousines où de leurs amis. C’est le privilège de l’aîné que j’étais. Ma maman m’avait vêtu d’un habit de fête : nœud pap, bermuda… Très jeune, j’apprenais à danser dans ces occasions au côté de mon papa qui n’en ratait pas une.

C’est la même joie qui m’habite au jeudi saint, la joie d’être des noces, invité. Quel privilège ! c’est toujours pour moi un énorme enchantement de voir la table du banquet dressée dans les églises de Moulle, de Norrent-Fontes, d’Aire sur la Lys ou Montreuil. Tous assemblés autour de cette table de fête. Elle inaugure ce grand banquet des noces promis par le Seigneur, où les petits auront la première place.

Revêtir l’aube, la robe blanche de mon baptême qui fit de moi à jamais le fils bien aimé de Dieu, l’étole blanche offerte par ma sœur Pascale au jour de mon ordination, la chasuble des jours de fête. As-tu conscience Bruno de l’immense honneur qui t’est confié, toi le pécheur, de présider cette assemblée au nom du Christ ? Accompagné souvent de l’un ou l’autre frère prêtre et des diacres qui avec toi partagent le service confié. Moment exceptionnel que celui où, à genoux nous lavons les pieds de nos frères et sœurs. Oui, une seule tâche nous incombe : prendre soin.

Cette année plus que toute autre, je vis ce jour intensément. Voilà 40 ans qu’au lundi de Pentecôte en l’église St Sépulcre de ST Omer, par une journée inondée de soleil, je recevais l’ordination du Père Gérard Huyghe. C’était une fête inoubliable. En ce temps heureux les ordinations étaient célébrées au plus près du peuple loin du siège épiscopal. Nombreux étaient les ruraux d’ARDRES et du secteur Nord de St OMER, amis d’enfance ou de mes parents, paroissiens, chrétiens de tous horizons. Mes parents étaient habités d’un petit grain de fierté aux côtés de mes grands-parents, de ma sœur Catherine qui portait en elle le futur Alexandre, de mon frère Frédéric qui sortait de l’enfance et de mes deux beaux-frères bien aimés Marc et Etienne. Une foule d’enfants, de jeunes trouvaient place autour de moi. Oui l’Eglise était en fête. Cette joie première ne m’a jamais quittée.

« Ta vie, m’avait dit l’abbé Jean, tu ne la donnes pas à une institution aussi belle soit-elle, tu l’accroches à une personne ». Jean m’a sauvé la vie. Aujourd’hui plus que jamais je dis avec St Paul : « tous ces avantages que j’avais, je les ai considérés, à cause du Christ, comme une perte. Oui, je considère tout cela comme une perte à cause de ce bien qui dépasse tout : la connaissance du Christ Jésus, mon Seigneur. À cause de lui, j’ai tout perdu ; je considère tout comme des ordures, afin de gagner un seul avantage, le Christ, »

O vraiment je ne regrette rien. C’est 40 ans de bonheur intense, J’ai eu la chance d’être accompagné par des frères prêtres exceptionnels, jusque mon arrivée à MONTREUIL, j’ai toujours vécu en équipe et quelles équipes ! Ouah ! Que de beaux souvenirs ! Mes confrères m’ont au moins appris à leur exemple qu’être prêtre c’était aimer les gens. Que de visages habitent ma prière de chaque jour ! Quel réseau !  Des femmes, des hommes, des jeunes et des enfants de toutes conditions, des pauvres de pauvres avec un cœur gros comme cela, des chefs d’entreprise et des professionnels humanistes ayant le souci des autres, et puis ce monde rural où l’anonymat est banni où chacun compte aux yeux des autres….

De grands moments de fête et de solidarité : RURALYS, Aire 1213, le 800° de N.D. Panetière, les liens avec nos amis de WALDORF aux USA ; tant de militants chrétiens au service… je ne retiendrai que Françoise et Bernard BOULNOIS mais à travers eux ils sont tellement nombreux celles et ceux qui mettent l’Evangile en actes.

J’ai reçu des missions exaltantes, je remercie nos évêques de leur confiance. Parmi elles je ne peux oublier la charge du diaconat diocésain.

Merci au bienheureux Père Antoine Chevrier et au PRADO, avec lui mon chemin fut un chemin d’incarnation et de découverte de l’Evangile, une Bonne Nouvelle à traduire avec simplicité pour que les petits découvrent l’immense Amour, l’affection que Dieu leur destine.

Ma seule souffrance, mon inquiétude de chaque jour est d’avoir si peu de prise pour entrainer dans la danse de la Foi mes contemporains, et notamment les plus jeunes d’entre eux.

Oui il y aurait encore beaucoup à dire, tout se résume dans ces 5 lettres : M.E.R.C.I, ou encore : A.I.M.E.R.

 

Tous vous êtes présents en ce jour, autour de la table confinée de ce jeudi saint si particulier !

Le 9 avril 2020, Bruno