N° 246 – La messe n’est pas dite

 

feuille paroissiale N 246

 

La messe n’est pas dite

A quand remonte le désamour ? Dès la fin des années 1970, on nous entretenait sans arrêt de ce temps que les moins de 60 ans ne pouvaient pas connaître. Un temps où les églises faisaient le plein tous les dimanches, avec latin et encens. Un temps où il y avait des prêtres à ne plus savoir qu’en faire ; un temps où l’on baptisait, mariait, enterrait toute créature en présence de monsieur le curé. Un temps où tout semblait évident, un peu trop peut-être.

 

Et puis, ce fut le déclin. Inexorable, sans appel. Des fidèles et des séminaristes firent sécession. D’autres s’en allèrent sur la pointe des pieds. Dire à mes copains que j’allais à la messe commença à faire sourire dans la cour de l’école, avant de devenir étrange, voir carrément honteux. Pourquoi ? Tout le monde avait bien un avis sur la question. Monsieur le curé à la sacristie, les « débatologues » à la télé : la modernité, Vatican II, l’individualisme, le suivisme, le consumérisme, l’hédonisme, le scientisme…

 

D’année en année, les assemblées se clairsemaient, les dames du caté attendaient la relève. Monsieur le curé, lui, n’en pouvait plus de devoir courir d’un clocher à l’autre. Autour de lui, ceux qui tenaient bon y mirent tout leur cœur et leurs tripes…

Certains, les mains en l’air, invoquaient l’Esprit Saint, quand d’autres essayaient de remonter le temps : latin, soutane… Avec beaucoup de bruit au début, puis moins de bruit, puis plus rien. C’est qu’entre-temps, la vague a tout recouvert. Révélations, abus, scandales en tout genre… La coupe déborde. C’est le grand désarroi. Notre-Dame de Paris brûle et la Covid 19 donne le coup de grâce.

 

Pour les esprits chagrins, l’histoire semble écrite. Les églises se sont une bonne fois vidées, et quand on les rouvre pour la messe, il faut s’inscrire à l’avance, venir masqué, respecter les distances et se laver les mains de gel hydro-alcoolique…  Comme au travail, à l’école, dans les supermarchés où la vie continue malgré tout. Faut-il donc tout arrêter ? Renoncer à se retrouver ? Continuer à regarder la messe à la télé quand on a la possibilité d’y retourner ? L’Eglise est un corps dispersé qu’il nous revient de rassembler. Masqués, soit, mais délivrés des peurs du moment. Non, la messe n’est pas encore dite. Dépêchons-nous, elle va bientôt commencer !

 

Samuel LIEVEN

Directeur de la rédaction du magazine Le Pèlerin

N°7191 – 24 septembre 2020

 

Bonne semaine à tous…

L’Equipe d’Animation de la Paroisse