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feuille paroissiale N 259

 

Durer dans l’adversité

Voici des mois et des mois que notre vie est bouleversée par la pandémie. Nous ne pouvons même plus embrasser ceux que nous aimons, ceux qui nous sont si chers : nos grands-parents ou nos petits-enfants. Nous sommes tous déguisés en cambrioleur avec des masques qui ne laissent percevoir aucun des sentiments qui nous habitent. La vie sociale, associative s’est éteinte… il nous faut vivre cloitrés à la maison. Et pourtant, l’emploi du temps est bien occupé, il y a de quoi faire, nous osons nous appliquer à de nouvelles activités, lavage des vitres et nettoyage de printemps, lecture, bricolage, balades, que sais-je ? La convivialité d’une soirée au restau, la détente d’un film au ciné, d’une soirée cartes avec des amis tout cela est du passé. Une ville comme Montreuil animée par la culture, les concerts, le théâtre, le tourisme, la gastronomie est méconnaissable, tout est à l’arrêt. Les baptêmes, les mariages se reportent de mois en mois, les équipes diverses comme celle des jeunes foyers ne se retrouvent plus, l’assemblée dominicale a perdu en nombre et en chaleur…. Et cela dure, dure… de conférences de presse en allocutions, la sortie du tunnel est sans-cesse reportée… Quand pourrons-nous retrouver la vie sociale qui nous est si chère ?

Apprendre à durer dans l’épreuve ! Alors que nous affectionnons l’épisodique, le jetable, nous ne pouvons plus zapper, il nous faut assumer, accepter les contraintes, faire le gros dos. Le français resquilleur de nature, râle contre ces contraintes liberticides mais finalement se plie aux décisions, n’enviant point celles et ceux qui les prennent.

Cette adversité peut devenir une ascèse, en effet d’ordinaire, seuls les riches peuvent se permettre d’être dans l’insouciance et le temporaire. Le miséreux lui, assume dans la continuité sa situation sans grand espoir de changement. Dieu lui-même se fait patient :

« Il leur disait encore la parabole que voici : « Un homme avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint y chercher des fruits et n’en trouva pas. Il dit alors au vigneron : Voilà trois ans que je viens chercher des fruits sur ce figuier, et je n’en trouve pas. Coupe-le ; pourquoi donc occupe-t-il la terre pour rien ? Mais celui-ci, répondant, lui dit : Maître, laisse-le cette année encore, le temps que je creuse tout autour et que je mette du fumier. Peut-être donnera-t-il des fruits à l’avenir. Sinon, certes, tu le couperas. » Lc 13, 6-9

Seigneur apprends-moi, apprends-nous à garder espoir quand les vents sont contraires. Que jamais je ne puisse me dérober à la souffrance et à la solitude qui m’entourent. Apprends-moi la compassion et la solidarité, que loin de m’enfermer et de me désoler sur mon sort, je m’ouvre à la détresse d’autrui. Oui que ton règne vienne !