N°88-le vieux violon
LE VIEUX VIOLON
A la mort d’une pauvre vieille On avait vendu aux enchères ce qui lui restait. Il ne restait qu’un vieux violon sans importance, dormant au fin fond d’un grenier. Le commissaire-priseur sur scène se demandait si ça valait la peine de perdre du temps avec ce vieux violon, écorné, éraflé et sans renom. Et il le montra sans un sourire. Que m’en offrez-vous, Messires ? Cent euros pour commencer,
peut-être deux cents ? Deux cents, deux cents, trois cents ! Trois cents euros, trois cents euros, qui dit mieux ? Trois cents euros une fois, trois cents euros deux … Mais du fond de la salle un grand monsieur prit en main l’archet poussiéreux. Et resserrant, desserrant les cordes, remit le violon en ordre. Il joua un morceau si beau et si clair qu’il enchanta la salle entière. La musique cessa. Le commissaire-priseur dit d’un ton très doux et rieur : “Que m’offrez-vous, Messires ?” et l’exhiba avec grand sourire. Mille euros ! Qui dit deux ? Qui dit trois ? Trois mille, quatre mille… Une fois… Les enchères n’en finissaient plus. Pour dix mille, le violon fut vendu. La salle applaudit : “Bravo ! bravo !” E des larmes de joie coulaient à flot. Mais qu’est-ce qui a changé la prix du violon ? D’où viennent l’harmonie et la beauté du son ? La réponse était simple, il fallait l’admettre :
le violon fut touché par la main du maître. Pas mal de personnes à la vie désaccordée, écorchées, seules et désœuvrées, évalués à bas prix, sans beauté, sans renom, ont des choses en commun avec ce vieux violon… Chômeurs, exclus à la main tendue, bientôt peut-être “adjugés et vendus”. Mais le Maître arrive, c’est une nouvelle histoire. Pour une foule incrédule, c’est dur de croire au changement intervenu dans la vie d’un être qui s’est laissé toucher par la main du Maître. Ainsi de nos vies, sœurs et frères, la nôtre et celle de ceux qui nous entourent. Pauvres que nous sommes, touchées par la main du Maître, par la main de Dieu, nos vies valent cher, très cher, aux enchères du Royaume.
Je vous souhaite une belle semaine touchée par la grâce.
Abbé Bruno