N°291 Tout sera jugé
feuille paroissiale N 291
Tout sera jugé
Après quatre ans d’enquête, s’est ouvert mercredi 8 novembre le procès des attentats du 13 novembre 2015, qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis. Les neuf mois de débats qui s’annoncent seront sûrement chargés d’émotion, surtout quand les victimes seront amenées à témoigner. Et c’est un défi pour la justice que de veiller à ne pas laisser les émotions submerger les audiences.
L’histoire de Jésus, jugé de manière injuste, rend les chrétiens particulièrement sensibles à la qualité de toute justice. Ils ne peuvent que souhaiter un procès équitable, qui jugera chacun pour ce qu’il a fait, et rien d’autre.
Juger est une décision importante : c’est pour la communauté des hommes manifester son refus de la banalisation du mal en plaçant chacun devant ses propres responsabilités devant le mal commis et ses conséquences.
C’est aussi préparer l’avenir de notre monde commun, en redisant ce qui est humanisant et ce qui ne l’est pas.
La foi chrétienne est particulièrement ouverte à cette dimension. Elle sait que le jugement des hommes est toujours placé sous l’horizon du jugement plus grand, où tout sera jugé, y compris nos manières de juger. Nos jugements ont de fait un lien avec le jugement du Christ qui aura lieu à la fin des temps. Et ce jugement a ceci de particulier qu’il ouvre toujours un avenir, même pour les plus grands pécheurs, quand le jugement des hommes est souvent privé d’espérance et de miséricorde.
Le jugement des hommes n’en reste pas moins nécessaire, mais il ne suffira jamais à guérir le cœur de ceux et celles qui ont subi la violence des attentats.
Dominique Greiner,
rédacteur en chef de Croire-La Croix