N°304-« On ne peut accueillir toute la misère du monde »
« On ne peut accueillir toute la misère du monde »
Combien de fois n’ai-je entendu cette phrase ? Une phrase qui ne laisse pas place à l’objection. Evidemment, comment aurions-nous vocation à accueillir tant et tant d’êtres humains qui dans ce monde croupissent dans des conditions de vie inhumaines. Que cela soit dû aux conditions climatiques, aux guerres, à la famine, à la tyranie ou tout simplement à la démographie galopante ?
Imaginez les conséquences pour la stabilité de notre pays, l’avenir de nos enfants, la démocratie, notre pouvoir d’achat…
« On ne peut accueillir toute la misère du monde », une phrase bien sympa qui nous dédouane de toute velléité de générosité naïve ou inconsciente.
Cette petite phrase célèbre prononcée par Michel Rocard alors 1° ministre (1989) est tronquée si l’on omet la seconde partie : « La France ne peut accueillir toute la misère du monde, mais elle doit savoir en prendre fidèlement sa part. »2
« On ne peut accueillir toute la misère du monde », oui, mais on peut prendre sa part. Cela est possible pour chacun et chacune d’entre-nous, à notre échelle. Et c’est le bonheur qui en découle ! car « il y a plus de joie à donner qu’à recevoir ». Parler de grands principes n’engage en rien, à l’opposé tendre la main c’est entrer en relation, c’est permettre à l’autre d’exister et cet autre prend un prénom : Afshin, Inaya, Emma ou Arthur… une histoire prend naissance, l’empathie devient vite amitié… Certes cela engage mais enrichit. C’est la rencontre de deux êtres, de deux cultures, de deux parcours. Pourquoi toi ? Pourquoi moi ? Quelle chance d’être né sous une belle étoile ! Cela m’oblige !
A quelques pas de Noël, nous pouvons toujours avoir le choix du responsable de « la salle commune » qui ferme sa porte : « il n’y a pas la place pour vous ce soir chez moi ». Au contraire, nous faisons le choix de mettre nos pas dans ceux des bergers qui accueillent, se déplacent, entrent dans la louange. Nous pouvons comme le roi Hérode supputer que cet enfant étrange vienne prendre notre place, le peu de pouvoir que nous avons. Au contraire nous pouvons mettre nos pas dans ceux de ces mages venus d’ailleurs, prêts à partir à l’aventure, à suivre l’étoile, sûrs que Dieu les guidera comme il guida Abraham dans les temps anciens.
Oui, disciple de cet enfant couché dans la mangeoire, je ne peux que prendre ma part avec lui au salut du monde, à la construction du Royaume. « Malheur pour vous, les riches, car vous avez votre consolation ! » Luc 6, 24. « Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux. » Luc 6, 31.
A la table de fête, puissions-nous ajouter un couvert ou plus, elle ne sera que plus belle ! Avec vous, le cœur généreux, bonne semaine.
Abbé Bruno