N°426-Mammon et la crise des vocations.
Mammon et la crise des vocations.
Petit retour en arrière. Mes parents, petits agriculteurs dans le Calaisis, comme beaucoup de leur génération, ont tout misé sur les études de leurs 4 enfants. Ils faisaient le choix de ce qu’on appelle : « l’ascenseur social ». Ils ont réussi. Notre génération a pu accéder à un niveau de vie correcte, donner libre cours à la société de consommation et de loisirs. Et le Bon Dieu dans tout cela ? Nos enfants ont goûter au reste du plat, la tradition fut respectée : baptisés ils ont été, catéchisés un peu, souvent plus par l’école que par la paroisse et la famille et puis et puis…. Le relais ne s’est plus transmis, la chaine s’est rompue, beaucoup accèdent à des postes de responsabilité, bossent comme des fous, courent après le temps, pratiquent un sport assidument pour équilibrer le bien être, parcourent le monde… Et le Bon Dieu ? l’Evangile devient étranger. Comment suivre le Christ si je ne le connais pas, si je ne connais pas son message ? Comment devenir disciple si je ne goûte pas à la joie de rencontrer des frères et sœurs de la même génération se nourrissant de la Parole et des sacrements, heureux de faire Eglise ensemble ? Comment une vocation, un désir amoureux de donner sa vie au Christ pourraient-ils naître dans ce contexte ? D’aucuns accusent le Concile Vatican II, la lecture libérale qui en aurait découlé, le discours des pasteurs plus orienté sur le Dieu d’amour et de miséricorde que sur le péché et la crainte du jugement… Un petit relent de jansénisme nous ferait-il du bien ?
Les séminaristes d’aujourd’hui proviennent pour beaucoup du scoutisme et des servants d’autel … Comment s’en étonner ? C’est dans une pratique de l’Evangile au sein d’une communauté d’Eglise que l’on apprend à se donner. Parents, grands-parents avons-nous le désir que du sein de nos familles naissent les vocations de demain ? Ce désir est-il vraiment nourri de notre prière quotidienne ? Ne nous étonnons pas que les pasteurs d’aujourd’hui viennent d’Afrique, la foi y est partagée et vécue en famille et en communauté.
Pouvons-nous remplacer le dieu Mammon, le dieu Argent qui asservit, par le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob qui se dévoile comme un Père de tendresse en Jésus Christ mort et ressuscité ? Là se trouve le chemin du bonheur
« L’homme qui s’enrichit, qui accroît le luxe de sa maison : aux enfers il n’emporte rien ; sa gloire ne descend pas avec lui. De son vivant, il s’est béni lui-même : « On t’applaudit car tout va bien pour toi ! » Mais il rejoint la lignée de ses ancêtres qui ne verront jamais plus la lumière. » Ps 48
Je ne sais s’il est bon de partager cette réflexion, elle habitait mon cœur ce matin, au lendemain d’une belle session à Lisieux avec notre évêque et les prêtres de notre diocèse, la moitié provenant d’au-delà des mers !
A chacun bonne semaine.
Abbé Bruno